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Interview Esapien : Mathilde Liti

Plongez dans l'univers des achats avec Mathilde Liti, responsable des achats régionaux chez VYV3 Pays de la Loire. Entre défis humains, nuances sectorielles et passion pour son métier, Mathilde nous dévoile les coulisses d'une profession souvent méconnue et pourtant essentielle. Découvrez les conseils d'une experte formée à l'ESAP et son regard unique sur le secteur. 

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Pouvez-vous nous décrire votre métier et son importance chez VYV3 Pays de la Loire ?

Je suis responsable des achats régionaux chez VYV3 Pays de la Loire, une entité du groupe VYV. Ce groupe rassemble plusieurs entités, dont certaines bien connues comme Harmonie Mutuelle et la MGEN. Le groupe détient aussi Harmonie Ambulance et les Pompes Funèbres. VYV3 Pays de la Loire se concentre sur les établissements et les soins. Nous gérons des EHPAD, des résidences pour seniors selon le degré de dépendance, ainsi que d'autres structures dédiées au handicap et à la petite enfance. De plus, nous avons une branche commerciale distincte centrée sur les biens médicaux, comprenant des boutiques telles qu'"Écoutez-Voir" et des centres dentaires et auditifs. En tant que responsable des achats régionaux, mon rôle est en évolution. Avec la réorganisation prévue, nous fusionnerons en une seule entité juridique. Mon défi actuel est d'harmoniser les pratiques d'achats entre les différentes branches, car chacune a des besoins distincts. Cela implique la création d'une politique d'achats commune, des contrats cadre régionaux, et la négociation pour un nombre bien plus élevé d'établissements qu'auparavant. 

 

Quelles sont, d'après vous, les qualités essentielles pour exceller en tant que responsable d'achats ? 

Les qualités requises pour être un bon responsable d'achats varient selon le secteur d'activité. Dans l'industrie, par exemple, il est essentiel d'avoir une quête constante de rentabilité. Ce n'est pas seulement une question d'acheter au plus bas prix, car cela peut ne pas être la meilleure option. Il s'agit de rechercher un équilibre entre le gain financier, le temps et la qualité. Cependant, dans le secteur non lucratif où je travaille, la dynamique est différente. Ici, chaque économie réalisée est réinvestie directement au bénéfice de nos résidents ou utilisateurs. Par exemple, si j'économise 20 000 euros sur un contrat de ménage, cet argent pourrait être utilisé pour améliorer les installations pour nos résidents, comme des équipements pour un jardin. Dans une crèche, des économies pourraient signifier de nouveaux équipements pour les enfants ou l'organisation d'activités spéciales. La motivation et les objectifs diffèrent donc selon le contexte et dépendent également de la sensibilité individuelle. Chaque secteur a ses propres incitations et défis, et le responsable d'achats doit être en phase avec ces nuances pour vraiment exceller. 

 

Quels sont les défis majeurs auxquels vous êtes confrontée au quotidien dans votre fonction ?

Le défi le plus significatif pour moi est de satisfaire pleinement nos clients internes. Dans mon contexte, mes clients sont principalement les entités internes comme les EHPAD, les crèches ou les ÉSAT. Si l'un d'entre eux n'est pas content du service ou de la négociation que je propose, cela signifie que je n'ai pas accompli correctement ma mission. Ma priorité absolue est donc la satisfaction du client interne. Contrairement à un secteur commercial ou industriel traditionnel où les objectifs sont souvent chiffrés, mon rôle dans le secteur de la santé est différent. Je n'ai pas pour but de réaliser des profits pécuniaires. Mon objectif principal est d'assurer que les établissements de santé fonctionnent en équilibre. La dimension humaine est centrale dans mon travail. Par exemple, si je négocie mal un contrat de nettoyage de linge, cela peut signifier qu'un résident ne verra pas ses draps changés régulièrement. Derrière chaque décision, il y a de vraies personnes affectées. Ma motivation dépasse donc largement les considérations financières ou les chiffres. Elle est profondément ancrée dans le bien-être et la satisfaction des résidents. 

 

Comment l'ESAP a-t-elle enrichi votre approche professionnelle au-delà de la formation initiale au métier ? 

Absolument, l'enseignement que j'ai reçu à l'ESAP a été d'une immense valeur. Il était très axé sur la réalité du terrain et correspondait parfaitement aux besoins opérationnels des entreprises. De nombreuses fois, après avoir terminé mes études, je suis revenue sur mes notes pour utiliser les compétences et les connaissances que j'y avais acquises. Ce qui m'a le plus marqué, c'est la pertinence de la formation grâce à l'intervention de professionnels actifs dans le secteur. Ces intervenants, avec une expérience concrète, ont apporté des exemples pratiques et tangibles. Honnêtement, l'ESAP m'a apporté bien plus que d'autres formations, y compris ma dernière école de commerce. 

 

Pour ceux qui sont à l'ESAP ou envisagent de se lancer dans le métier d'acheteur, auriez-vous des recommandations ou des astuces à partager ?

Je conseillerais de ne pas se laisser décourager par les préjugés ou les incompréhensions autour du métier d'acheteur. Beaucoup ne comprennent pas toute la profondeur et l'importance de ce rôle. Aujourd'hui, dans notre contexte économique et écologique, la dimension des achats et de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est cruciale. Il y a une véritable opportunité pour les acheteurs de faire une différence significative. Contrairement à d'autres domaines comme le commercial où le marché peut être saturé, le secteur des achats offre encore de nombreuses possibilités. Il est essentiel de reconnaître que le rôle de l'acheteur va bien au-delà de la simple réduction des coûts. Nous apportons une vision unique et une réelle valeur ajoutée aux entreprises. Pour ceux qui envisagent une carrière dans les achats, je dirais : lancez-vous ! Il y a tant à accomplir et à apporter.